Manager en temps d’incertitude : de l’anxiété à l’opportunité

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Qu’est-ce qu’on gagne à toujours faire plus de toujours la même chose ? Comment faire avec les contextes incertains actuels ? Faut-il toujours chercher la stabilité ? Comment faire évoluer les modèles et réussites d’hier avec les contraintes d’aujourd’hui ?

On l’a tous entendu : « on ne change pas une équipe qui gagne ». Indépendamment du discutable parallèle sportif dont de nombreux managers abusent, à l’énoncé de la sentence, j’ai toujours eu envie de dire : « OK, on attend qu’elle perde alors ?! ». Et dans l’attente de cet inévitable aboutissement, on ne fait rien. Et un jour, on constatera qu’il est devenu trop tard pour agir. Mais au-delà de cette fatalité, c’est toute une logique de vie qui est soulevée. Et si on apprenait que, personnellement comme professionnellement, la vie est un éternel brouillon ?

L’incertitude peut être bonne pour la santé

Du point de vue des stratégies d’entreprise ou de la recherche des performances économiques, notre époque n’est pas forcément plus exceptionnelle ou inédite que celles vécues par nos ainés 15 ou 30 ans auparavant. Elle est le fruit d’une accélération constante, quasi exponentielle, des rythmes, des échanges, des communications et des modes elles-mêmes.

Si, pendant quelques décennies d’après-guerre, nous avons pu nous nourrir de l’illusion d’une stabilité et d’un progrès constant, force est de constater que, depuis 50 ans environ la donne change constamment, et de plus en plus vite. Une des seules certitudes que nous puissions avoir aujourd’hui, c’est de devoir conjuguer avec l’incertitude.

Et alors ?

En quoi la certitude serait plus vertueuse que l’incertitude ? S’accrocher à son rocher comme à ses conventions ne favorise pas le développement. Les psychologues montrent que fuir l’indétermination conduit à toujours reproduire les mêmes raisonnements, qui conduisent aux mêmes décisions. Comme dirait l’autre, « lorsqu’on ne sait se servir que du marteau, tous les problèmes prennent la forme d’un clou ». Pire, d’un point de vue clinique, la peur de l’inconnu et la recherche constante de certitude favorisent les troubles dépressifs.

A l’inverse, accepter l’incertitude permet de développer la souplesse et la curiosité. La complexité devient un cadeau et la diversité une richesse, comme autant de sources de développement personnel et de bien-être.

Reste aux entreprises d’accepter ces changements de paradigme, au management de composer avec agilité et surtout de veiller à partager collectivement, au besoin, un cadre de soutien psychologique pour chacun.

Faire de l’incertitude une opportunité

Plus le contexte est mouvant, plus il faut être adapté, et cela peut être une chance de vivre de belles aventures humaines.

4 pistes indispensables pour les vivre pleinement : 

  • Favoriser l’intelligence collective

Changer les processus de décision de l’entreprise, en adoptant la Gestion Par Consentement, permet de gommer tous les biais cognitifs qui impactent les décisions prises par quelques-uns. Plus le groupe sera riche et engagé, plus les biais s’annuleront. Cerveaux gauches et cerveaux droits s’équilibreront pour laisser émerger des décisions mêlant passion et raison.

 

  • Accélérer la diversité et l’inclusion

Ce sujet ne devrait plus nécessiter d’argumentations. Toutefois, il est encore fréquemment réduit à l’égalité des sexes et les études quantitatives portent quasi exclusivement sur les bénéfices (au sens monétaire) des équipes mixtes. Par exemple, la Banque Mondiale estime que si on avait plus de femmes dirigeantes, la productivité française augmenterait de 25 %. Cette estimation se base sur les rentabilités des entreprises managées par des femmes qui affichent en moyenne un taux supérieur de 36 % supérieure à celui des hommes. C’est bien… et effrayant en même temps : on est vraiment encore obligés d’apporter des preuves pour légitimer l’égalité des sexes ??! A garder en tête car les sujets « diversité et inclusion » invitent à aller plus loin. Pour les comprendre, j’aime cette explication donnée par Verna Myers, consultante et ex-VP de Netflix : “La diversité, c’est d’être invité à la fête. L’inclusion, c’est d’être invité à danser.” Travailler l’inclusion, c’est se donner une chance d’enrichir vraiment les modes de pensées, les interactions, les ouvertures d’esprit et… son image de marque.

  • Sensibiliser constamment aux grands sujets de société

Diversité, inclusion, mais aussi changement climatique, effondrement de la biodiversité, pollution, développement de l’IA et disparition d’emplois, … Les sujets sont nombreux. Mais ils sont aussi passionnants, engageants et potentiellement sources de cohésion.  Ils peuvent être l’occasion de partager, structurer les valeurs et diffuser la culture d’entreprise. Grâce à des ateliers, des formations, des newsletters, des séminaires, des conférences, les entreprises qui s’emparent de ces sujets font grandir l’esprit d’équipe, les prises de consciences et les agilités cognitives nécessaires aux défis abordés.

  • Développer l’écoute active

Enfin, de plus en plus d’entreprises s’investissent dans la diffusion collective des outils de développement personnel. Plus les défis réclament du partage et de la collaboration, plus les équipes doivent être équipées pour parler. Derrière l’apparente tautologie se cache un déficit abyssal : on n’a généralement jamais appris à parler, c’est-à-dire à écouter vraiment pour s’exprimer authentiquement, sincèrement, sans biais, sans faux semblant, sans freins, etc. C’est l’occasion de s’y employer. Les bénéfices sont innombrables. En 30 ans d’activité professionnelle, la phrase la plus entendue est « c’est un problème de communication ». Bien souvent, on a cherché une réponse technique : des intranets, puis des digital workplaces, des WhatsApp et autres solutions maison. Mais à la source se trouve pourtant tout autre chose. Quand ai-je appris à écouter pour comprendre, accéder et accepter l’autre ? Toutes les entreprises qui ont commencé à former TOUT leur personnel ont fait des pas de géants.

 

En fait, notre contexte actuel nous invite à nous reconnecter au vivant. Dans sa diversité, sa richesse et son imprévisibilité. En acceptant notre humanité, nos émotions, nos passions, en les encourageant, en les partageant, nous nous armons pour demain et nous donnons une chance de nous ouvrir à de nouveaux horizons.

Frédéric Oglietti Fondateur de Possible.s - Coach, consultant et formateur intelligence collective et management - 20 ans d’expérience de poste de direction - Des accompagnements reconnus